Confinés à Valnuit

Pour Trank !

Un brouillard épais s'immisce dans vos esprits. Vos paupières sont lourdes, très lourdes. Vous fermez les yeux. Vous tentez de les ouvrir mais le poids est trop fort, trop intense… comme si on ne voulait pas que vous recouvriez la vue un jour. Puis, finalement, vous vous rendez compte que c’était vous qui vous enfonciez les doigts dans les paupières depuis le début. Mais pourquoi ? Qu’est-ce que vous ne vouliez pas regarder ? Qu’est-ce qui vous effraie ?

Bienvenue à Valnuit.

Bonjour chers auditeurs.

C’est assez inhabituel de ma part, mais j’aimerais vous raconter aujourd’hui une histoire de mon enfance. Cette histoire, c’est mon histoire. Elle n’a pas pour but de vous détourner d’une quelconque camionnette au logo étrange, mais étrangement familier, aux abords de la ville.

Cette histoire n’a pas non plus pour but de vous inciter à chérir vos enfants, ils le font très bien eux-mêmes comme nous le savons très bien, et mieux que vous ne le ferez jamais. Ne. Les. Aimais. Pas.

Non. Cette histoire a uniquement pour but d’en être une. Rien de plus, rien de normal, rien de moins. Ainsi donc, voilà l’histoire. Mon histoire.

Chers Valnuitains, comme vous le savez sûrement, j’ai un faible pour les douceurs. En particulier celles que l’on peut trouver chez la concession automobile. Mais si, vous savez, celle à côté de la maison de la vieille Josette. Il paraît que même les anges, qui n’existe pas d’ailleurs, en raffole. La raison de la présence de vieux pneus et de moteurs crasseux dans la concession automobile est encore un mystère, surtout que même avec une giclée de chantilly valnuitaine, ils ne sont toujours pas comestibles. Enfin, pour en revenir aux douceurs, il se trouve que j’en RA-FOLE, et ça, depuis mon arrivée à Valnuit. Elles me permettent de me souvenir que je suis peut-être en vie, quelque part, et que Valnuit est ma maison, assurément. Il est aussi à noter que l’ingrédient secret, est connu de tous pour ses propriétés désherbantes, très utile pour… eh bien désherber les herbes sur vos murs et qui rampent sous vos lits. Non, ces douceurs sont vraiment délicieuses.

Ces douceurs me rappellent mon enfance, une enfance sans Tracas, cette horrible vermine grouillante que l’on peut trouver à Saint-Falaise. J’aime vraiment ces douceurs. Quand j’étais encore vicieux et fourbe, soit un enfant comme chacun le sait à Valnuit, j’en mangeais tous les jours, jusqu’à ce que mes dents tombent et repoussent grâce à un sortilège incluant une petite rongeuse et du sang de gastéropode vierge. C’était vraiment le bon vieux temps, rien à voir avec ce que l’on vit actuellement avec cette voiture qui entre désormais sur la route étrange menant à notre toute étrange, mais néanmoins accueillante, petite ville.

Ces douceurs étaient d’ailleurs bien étrange maintenant que j’y pense. Un savoureux enrobage recouvrait les plus délicieuses, et cet enrobage, hmm cet enrobage, je pouvais tuer pour en avoir ne serait-ce qu’une. Et comme vous le savez, j’en mangeais tous les jours. Jusqu’à ce que mes dents tombent.

Vraiment ces douceurs, elles me manqueraient presque si elles n’avaient pas été officiellement interdites suite à une flopée d’incidents.

Voilà mon histoire chers auditeurs. Et maintenant, le trafic.

Une nuit calme aujourd’hui. Une simple voiture dans la ville, une autre en dehors. Les deux ne se sont jamais rencontrées, et pourtant elle ne le feront jamais. L’une est rouge, l’autre est noire, mais on pourrait penser le contraire en les voyant, mais c’est faux, tout est faux.

[Silence]

Il n’y a que deux voitures, une dans la ville, une autre en dehors. Cette dernière cherche à rentrer, mais ne veux pas regarder l’observatoire. Le logo sur le véhicule est familier, comme les réminiscences d’une douce souffrance, presque impossible à oublier, mais que nous allons tout de même tenter de faire, inconsciemment, comme toujours.

Une voiture est dans la ville, l’autre en dehors. Celle dans Valnuit effectue des cercles, devant la maison de la maire Pamela Vasseur, cherchant on ne sait quoi, mais pas un cheesecake, j’en suis certain. La voiture en dehors de la ville s’arrête, des hommes sortent, marchent, parlent, respirent, ne respirent plus, tombent, remuent, crachent. D’autres hommes en blouse hurlent, s’agitent. Un autre homme tombe, mais respire encore. Sa couleur de peau est différente de ceux qui sont tombés, mais il a une couleur en commun avec eux. Il se relève, marche, court, n’essaye pas de rentrer dans la ville, hurle, tombe, respire, ne respire plus. Il y a deux voitures. Juste deux.

C’est la fin du trafic.

Oh, chers auditeurs, je m’interromps à la fin de mon histoire pour vous informer sur un éventuel incident survenu à l’instant. J’ai là ici une note de notre très cher conseil municipal qui vous informe que hmm, l’écriture est quelque peu confuse, hmm, bon. Je vais essayer de vous la lire, mais… non… étrangement je la comprends… assurément elle implique un danger de mort imminent et une existence surveillée, moins qu’actuellement en revanche… mais vraiment… l’écriture est confuse… Bon. Je… et bien en fait la note ne contient qu’un seul mot chers auditeurs : “Fondation”. Sûrement rien d’important après tout.

Ah, en revanche, j’ai une autre note qui m’est parvenu, cette fois je la comprends. Peut-être. Et c’est immanquablement un autre incident. En effet, hier, nous avons probablement subi une attaque venant du ciel. Il est également certifié que cette attaque était certainement planifiée de longue date et que nos envahisseurs soient en fait des oreillers. Il est éventuellement plausible que nous soyons tous morts durant cette attaque, mais que nous avons, sûrement, été ressuscités par nos envahisseurs car ils s’étaient, vraisemblablement, trompés de cible. Sur ce point, laissez-vous vous assurer, chers auditeurs, que leur cible était à coup sûr Saint-Falaise. Ces fourbes ont sûrement dû envoyer leurs ennemis sur nous pour tous nous dominer, sans penser que c’était eux qui devaient être tués et réduis en esclavage, dans cet ordre, car c’était eux qui avaient, en premier lieu, pensé à ça.

Bon, il est clair que cette note n’est pas à prendre au premier degré, elle ne se conserverait pas bien. Mieux vaut retrouver une ambiance plus chaude, plus… valnuitaine en début d’hivététemtomne… à moins qu’elle ne soit froide ? Il n’y a qu’une seule façon de le savoir chers auditeurs.

Et maintenant, la météo.

[If we live - Disparition]

Mesdames et Messieurs, ça vient de tomber : notre maire, Pamela Vasseur, déclare l’état d’urgence pour la deuxième fois en deux jours, soit une moyenne basse.

La cause serait ici la voiture en dehors de la ville. Ils auraient, à l’heure où je vous parle, choisi d’installer un grand grillage autour de la ville. De plusieurs mètres de haut. Le cercle de craie est toujours en place cependant, aussi ils semblent vouloir rentrer dans Valnuit par un autre moyen. Je vous demande à tous de ne pas céder à la panique et de vous réfugier au restaurant de Tacos de Jérémy, qui propose une réduction de 5% sur des douceurs onctueuses et savoureuses. Des douceurs avec un joli enrobage.

Et maintenant, un errata.

Nous vous avons communiqué hier que, Khoshekh, le chat résidant dans les toilettes des hommes de la radio communautaire, avait été retenu prisonnier dans la cabine 6, miaulant derrière la porte. Il est à noter que des friandises pour l’attirer, un pied de biche pour effectuer un rituel visant à ouvrir la porte, ainsi qu’un lance-roquette nucléaire, n’ont pas permis de libérer le chat volant, et qu’après 18 minutes d’essais infructueux, nous avons déclaré sa mort par cancer du côlon, dûe aux radiations d’un des missiles.

Et bien figurez-vous que non, notre cher minou n’est pas mort, et est en train de se balader en volant librement dans la station. Il se trouve qu’il a réussi à ouvrir la porte, et a, lentement et gracieusement, voulu visiter notre radio communautaire. Notre ingénieur du son, Eric, a remarqué la disparition du chat en voulant, je cite “déposer un bilan financier de la plus haute importance”, et a immédiatement contacté ses collègues, la mairie, et enfin cette dernière nous a envoyé un communiqué pour nous informer de la disparition du félin. S’ensuivit nos tentatives désespérées pour le faire sortir.

Mais il reste cependant une dernière petite question : qui est dans la cabine numéro 6 des toilettes des hommes de la station de radio communautaire de Valnuit, miaulant pour sortir ?

Le conseil municipal souhaite émettre un rapport quant au parc à chiens où de mystérieuses figures encapuchonnées résident. Le parc, où il est interdit de pénétrer sous peine d’une mort lente et douloureuse, a décidé, de par sa volonté propre, de se déplacer aux alentours sans qu’aucun schéma ou figure antique, dangereuse et sûrement mortelle ne fut identifiée. Je vous invite donc à ne pas vous approcher dudit parc et de ne surtout pas regarder dans sa direction, ou dans celle des figures encapuchonnées. Le parc semble se déplacer très lentement ou très rapidement, mais reste toujours aux coins des rues Lecomte et Couchant, près de Chez Raphaël. Le conseil municipal nous invite également à ne pas penser au parc à chiens, car il pourrait nous entendre et chercherait dés lors à nous rejoindre. Le parc à chiens se déplace, mais reste au même endroit. Personne ne le voit se déplacer, personne.

Le parc à chiens ne vous veut aucun mal.

Des nouvelles des figures non encapuchonnées à l’extérieur de la ville. La clôture grandit, encore, et semble former un… dôme autour de la ville. Il est à noter qu’un hélicoptère vole au-dessus de celle-ci, larguant des rochers de la taille d’un ballon de rugby nain, qui se désintègrent quelques secondes après leur chute. Le dôme avance rapidement, et de nouvelles voitures apparaissent à l’extéri…DEF.R…ER..Z.EUR.. LAJD.R.F.R..LOLVOLKR.DTY.DTGGGT.RBGVX.GVX.IIK.L.LSL.OS..Z…E..R…S…X.C…S..C…..G…S..C..SCP

[Grésillements]

Bonjour chers auditeurs, j’ai réussi à reprendre la main.

Il semblerait qu’un signal parasite est tenté de prendre le contrôle de la fréquence, mais n’y ait pas parvenu. Hmm… où j’en étais ? Ah oui : le dôme. Il… avance… autour de la ville… Hmm… il est assez neutre… gris je dir..AZD..ais. Oui, gris. Plutôt terne d’ailleurs. Il ne semble pas vouloir communiquer avec nous, mais est tout de même en train de nous recouvrir.

[Bruits de fond]

Ah, merci Andréa.

Hm hm, j’ai ici une note de la police secrète municipal et du bureau du shérif. Elle vous informe que le mieux serait de quitter le restaurant de Tacos de Jérémy et de vous rendre à la mairie dans les plus brefs délais. Une attaque souterraine visant en premier le restaurant, puis le dôme, aura lieu dans les prochaines minutes. Il est à noter que les personnes ayant ingéré des douceurs seront abattues sans sommation, et sans douceur par ailleurs. Par ailleurs, la vente de douceurs est toujours interdite et Jérémy doit se rendre au bureau du shérif immédiatemADD..ZE..PCS…SZ…

CEC..VRV…..S…VC.R…A.DEC…R.ECM…Q.Z..Z.S…sponsor..Q.E.C

La nuit… est calme. Vous vous sentez reposé, apaisé, pas le moins du monde étonné de cette sensation enivrante de plénitude. Vous vous questionnez sur cette soudaine lumière qui perce les ténèbres de votre chambre, sous votre lit, sous vos paupières également, mais vous n’ouvrez pas les yeux, vous n’y arrivez pas, vous cherchez à les ouvrir mais une tension, une force familière les maintient closes. Vous ne ressentez plus vos mains, vos jambes, votre corps tout entier… mais vous n’êtes pas inquiet. La lumière se fait plus forte, plus intense, plus tendre aussi. Vos projets, vos rêves, vos désirs, tout ça, vous savez que c’est déjà accompli depuis longtemps, et que c’est à l’instant où vous n’avez pas vu cette lumière que vous vous en rendez compte. La lumière est encore plus forte, maintenant vous êtes tendus, maintenant vous vous questionnez, mais ton corps ne répond plus. Tu es seul, seul avec cette lumière, cette lumière qui ne diminue pas. Maintenant tes paupières brûlent, maintenant je souris, maintenant je sors du lit et toi tu ouvres les yeux. Puis tu les refermes, souriant. Tu te dis que ça ne pouvait être autre chose après tout. Puis tu hurles, puis je te couvre la bouche, puis tu retrouves la sensation de tes membres. Tu n’es pas dans ta chambre finalement, tu as chaud et froid, tu as peur et… non, tu n’es plus rassuré. Je m’approche de toi, lentement, j’ouvre la bouche où tu ne peux pas voir ton visage. Tes lèvres s’étirent, tu ries, puis tu hurles dans ma bouche : Golden Grahams.

C’était un message de nos sponsoecrvtnrcncrcvctvctgrvcrejct,rk,tgvgENXRNX.RC.R..RC.SRTOPSARRETREZEARETERDC.RSTPPXLEROSTOP…

Bienvenue à ceux qui nous rejoignent ici, à Valnuit, je suis Emile.

Les commerçants de Valnuit ont envoyé un message à notre station. Apparemment, la fermeture du commerce de Jérémy a provoqué une crise d'angoisse chez bon nombre de Valnuitains, et les habitants cherchent désormais à les menacer afin qu’ils vendent ces délicieuses et onctueuses douceurs à l’enrobage mystérieux. Les commerçants de Valnuit en appelle à la maire Pamela Vasseur, afin qu’elle règle la situation. La menace et la torture sont selon eux, des nécessités inhérentes à leur métier, mais des clients insatisfaits sur le pas de leur porte est au-dessus de leur force. Ainsi, la… légalisation des douceurs à l’enrobage mystérieux est demandée.

Des nouvelles du grand dôme au-dessus de la ville : il est fini. Il en recouvre désormais la totalité, et semble électrifié. Les attaques souterraine, aérienne et dimensionnelle semblent avoir échouées également. Nous vous demandons à tous de ne pas céder à la panique et d’informer le conseil municipal qu’il est nécessaire de les laisser entrer sous peine d’une mort certaine et lente. Ceci est un message de la police.

Chers Valnuitains et Valnuitaines, voici un sondage qu’effectue actuellement notre radio communautaire : quelle a été votre émission de radio préférée ? Vous pouvez nous envoyer vos réponses en appelant cette radio communautaire, ainsi qu’en nous fournissant la rediffusion complète de l’épisode à notre collègue, Garret, qui s’occupe de cela à l’heure actuelle. Cela a pour but de connaître les informations que vous souhaitez avoir, et ainsi de vous en communiquer plus souvent.

Je vous demande à tous d’être coopératif, en mémoire de toutes ces merveilleuses diffusions quotidiennes.

Je vous souhaite à tous une bonne journée Valnuit.

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